Née il y a mille ans en Europe, la vielle s'est modifiée au fil des usages et des améliorations techniques.
Au XII° siècle, on la trouve tout d'abord sous la forme de l'organistrum, jouée par deux musiciens (l'un tournant la manivelle, l'autre actionnant les tirettes du clavier), comme instrument d'accompagnement de chants liturgiques dans les églises.
Détrônée par l'orgue, elle quitte le contexte religieux. Elle prend une forme rectangulaire (chifonie) destinée à un seul musicien, et devient l'instrument de prédilection des troubadours et ménestrels aux fêtes médiévales de la noblesse.
Elle décline au XIV° siècle, elle est alors jouée par des gueux, des aveugles, mendiants à moitié bandits et revêt une bien sombre image.
À la Renaissance (XVI°) la vielle à roue prend une forme bi ou trilobée, ou bien trapézoïdale.
Enrichie d'une trompette marine (corde actionnant le chevalet mobile ou chien), elle anime des fêtes villageoises dont elle rythme les bals.
Début XVIII°, quelques viellistes virtuoses donnent à la vielle un nouvel attrait sonore.
C'est l'époque baroque où les luthiers sont soucieux de transformer des instruments populaires en objets raffinés destinés aux musiques de l’élite.
Montée sur des corps de guitare ou de luth, à la sonorité plus forte et plus harmonieuse, munie de claviers plus performants, la vielle devient très prisée dans la noblesse et la bourgeoisie.
Richement décorée, ornée d'une tête finement sculptée, elle est souvent représentée dans des tableaux, aux mains d'une femme de qualité, dans des natures mortes ou des fêtes galantes.
De grands aristocrates, même la reine de France (épouse de Louis XV) en jouent, et Vivaldi, Mozart composent pour cet instrument à la mode.
De la révolution française jusqu'au début du XX°, la vielle rejoint le domaine des instruments populaires et des musiques à danser.
Elle se voit associée aux traditions régionales, dans les Alpes, la Bretagne, et surtout dans le Centre (Berry, Bourbonnais, Morvan, Auvergne...) où elle est maintenue plus particulièrement grâce aux groupes folkloriques et associations de musique traditionnelle.
Des luthiers renommés exercent alors, entre autres lieux, à Jenzat (Allier) ou Mirecourt (Vosges).
Dans les années 1970, le mouvement folk fait revivre les musiques traditionnelles et redonne une place de choix à cet instrument, notamment lors des Rencontres de Luthiers et Maîtres Sonneurs de St Chartier (Indre, créées en 1976).
Le festival est assuré maintenant par Le Son Continu au Château d'Ars.
Depuis, la vielle est en constante évolution : vielles électro-acoustiques, avec effets sonores, vielles électriques et même électroniques, asssociées à des instruments non traditionnels, à d'autres styles musicaux, enrichies d'innovations techniques ou acoustiques toujours plus poussées...
En partance pour le troisième millénaire !
Vielle à roue et musique baroque :
http://paul.fustier.pagesperso-orange.fr
Petite encyclopédie de la vielle à roue :
http://xaime.pagesperso-orange.fr/vielle/plan/plan.htm